Un texte de Pr Martin Lavallière, membre du CISD

Mardi matin, on se rend doucement en voiture à l’école de mes garçons
Quand soudain, une voiture passe en trombe à côté de nous et cogne notre miroir alors que le sien tombe sur la chaussée
Pour moi et mes garçons, ce ne fût que de la tôle froissée
Il aurait pu en être tout autant
L’autre conductrice, mère de famille avec son enfant dans sa voiture, comme moi et mes trois garçons, en sort tout autant ébranlés.
Trouvant stationnement un peu plus loin, les 2 secondes qu’elle tentait de sauver venait de sombrer dans un constat à l’amiable et une facture salée de réparations pour sa voiture toute neuve, mais heureusement, ce n’est que de la tôle.
Des décisions mal réfléchies
Juste trop pressée, trop pressée d’aller attendre au feu devant nous qui était rouge. Tel un taureau dans son arène et la couleur écarlate du drapé devant lui, les conducteurs perdent les pédales face à cette signalisation pourtant si banale.
Elle pensait que l’espace était suffisant, et bien non !
C’est la première fois que ça m’arrive disait elle en réalisant pleinement son erreur.
En espérant que ce sera la dernière car ça aurait pu être une fois de trop, 5 cm plus à droite et c’est ma voiture qu’elle emboutissait. La voiture, je m’en fou, pour la santé et la sécurité de mes garçons, c’est autre chose !
Trop pressés, trop vites, trop distraits, trop faire sans penser que nous ne sommes pas seuls sur cette route devant nous. Trop vouloir ignorer que cette route, elle peut tuer !
Que ce permis de conduire que la société nous octroie, c’est un privilège et non pas un droit. Un privilège qui vient en échanges de bons comportements sur le réseau routier et auprès des autres usagers de la route que l’on doit protéger autant que ceux assis dans notre voiture.
À toutes ces personnes qui ont perdu la vie avant nous sur ces routes, c’est bien le moindre qu’on leur doit, ralentir (https://aspq.org/priorite/ralentir/) et porter attention (https://saaq.gouv.qc.ca/saaq/campagnes-sensibilisation/distractions-2025).
Rappelons-nous collectivement que leurs morts ne doivent pas être veines (https://saaq.gouv.qc.ca/saaq/documentation/bilan-routier). Juste pour 2024, c’est 379 personnes qui sont décédées sur nos routes.
Ça suffit les souliers blancs, les vélos blancs et les croix blanches aux abords des routes (https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/tout-un-matin/segments/entrevue/455245/cycliste-velo-fantome-deces-pieton).
Toutes ces morts sont des morts de trop, sans compter les gens qui sont laissés dans le deuil de l’être cher suite à celles-ci
Les collisions de la route ce ne sont pas seulement des morts, c’est aussi des pertes de qualité de vie suite à des blessures mineures et majeures (26 578 et 1 276 personnes ont été blessées légèrement ou gravement en 2024, respectivement).
Oui le bilan routier s’améliore progressivement depuis quelques années, mais on observe aussi que la forte diminution observée entre les années 70 et 2010 s’est essoufflée. Plus de vitesse, de plus grosses voitures, et plus d’insouciance face à la sécurité des autres sur le réseau et voir même ceux et celles qui sont assis dans notre propre voiture.


