Un texte de Catherine Laprise, Directrice scientifique du CISD et Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en environnement et génétique des troubles respiratoires et de l’allergies
Face aux feux de forêt présentement actifs au Québec auxquels sont liés une exposition
importante aux polluants dans l’air, il est important d’avoir un comportement pour réduire les
risques associés à notre santé notamment pour la santé respiratoire et coronarienne. Ainsi, il est
recommandé de réduire nos déplacements par véhicule motorisée et toutes autres pratiques qui
contribuent à augmenter la pollution de l’air. Il est aussi conseillé de conserver une bonne qualité
d’air à l’intérieur des résidences et autres lieux intérieurs (on évite donc l’ouverture des fenêtres).
Pour les personnes atteintes de maladies respiratoires et cardiaques, il est conseillé de garder vos
médicaments à proximité et dans certains cas d’ajuster selon votre plan d’action (plan pour les
personnes asthmatiques). Enfin, si votre condition vous inquiète utiliser les ressources telles Info-
Santé ou consulter votre médecin.
Quels symptômes peuvent causer le smog?
Le smog peut être la cause de plusieurs symptômes.
Voici une liste des principaux symptômes à court terme :
• Une irritation des yeux et des voies respiratoires (irritation du nez, toux, irritation de la gorge,
crachat);
• Une respiration sifflante irritation et une inflammation des voies respiratoires (toux et
oppression thoracique);
• Une sensation de serrement à la poitrine (relié au système respiratoire);
• Une douleur associée à la respiration profonde;
• Une difficulté à respirer;
• Une augmentation de l’essoufflement, en particulier durant l’activité physique;
• Une aggravation de l’asthme et des troubles cardiaques et pulmonaires existants.
Le smog est associé à une augmentation des hospitalisations pour des problèmes respiratoires
et cardiovasculaires.
Quelles sont les personnes les plus à risque?
Le smog peut affecter la santé de toutes les personnes exposées. Les adultes en santé peuvent
aussi ressentir que la respiration est plus difficile quand l’air contient une concentration plus
importante de polluants. Certaines personnes sont dites vulnérables face à cette exposition aux
polluants et elles risquent de voir leur santé affectée par cette exposition. Ainsi, les personnes
âgées, les enfants, le femmes enceintes devraient limiter leur exposition. La même
recommandation est faite aux personnes ayant une maladie respiratoire comme l’asthme, un
cancer, de l’emphysème ou une maladie pulmonaire obstructive chronique et celles atteintes d’un
problème cardiaque. Enfin, les personnes qui travaillent ou font de l’exercice à l’extérieur
présentent aussi un risque accru.
Qu’est-ce que l’on trouve dans le smog causé par les feux?
La fumée provenant des feux de forêt est un mélange complexe qui est variable dans sa
composition en fonction de la forêt en elle-même (type de bois et végétation), du taux d’humidité,
des vents et des autres conditions météorologiques et même de la température du feu! Même si
la composition varie, on y retrouve toujours du dioxyde de carbone (CO2), de particules en
suspension, de vapeur d’eau, de monoxyde de carbone (CO), de composés organiques (tels
l’acroléine et le formaldéhyde), d’oxydes d’azote (NOx) et de divers minéraux (Mazzoleni et al.
2007).
L’ozone qui se forme à partir des hydrocarbures et des oxydes d’azote que les feux libère est un
autre polluant retrouvé dans l’air extérieur lors de feux de forêt (Ward et Smith 2006).
Retenons donc que le smog causé par les feux de forêt est composé de fines particules qui
touchent les voies respiratoires et que certaines atteignent les alvéoles.
Quel est l’impact sur les poumons?
Les polluants dans l’air en situation de smog touchent l’appareil respiratoire mais plus
particulièrement les alvéoles en raison de la petite taille des particules. Les alvéoles sont situées
au plus profond des poumons, ce sont de petites cavités en forme de sphères ou de petits sacs à
l’extrémité de l’arbre bronchique qui sont responsables des échanges gazeux entre le corps et
l’air extérieur. Il y a plus d’un million d’alvéoles dans les poumons, c’est près de 100m2
d’exposition à notre environnement, ce qui est une importante surface d’exposition. Un adulte
respire 16 fois par minute au repos pour un apport près de 6 L d’air. Cet apport passe à près de
150L par minute lors de la pratique de la course. Ainsi, il est aisé de comprendre que la pollution
de l’air a un impact très important sur la santé respiratoire et que nous devrions éviter l’activité
extérieure en présence d’une forte pollution de l’air.
Est-ce que certains facteurs peuvent modifier la sévérité des symptômes?
La sévérité des symptômes dépend de plusieurs facteurs incluant la composition du smog. L’indice
de la qualité de l’air, qui se calcule avec la densité des particules fines et d’ozone, permet de
connaître la qualité de l’air sur une échelle allant de bonne à très mauvaise. D’autres éléments
tels la chaleur, l’humidité, les virus et les pollens peuvent aussi expliquer les symptômes ressentis
ou encore les augmenter en présence de smog. L’usage de tabac et le vapotage, qui sont d’autres
sources d’irritant pour le tissu pulmonaire sont évidemment d’autres facteurs aggravant. Par
ailleurs, il est aussi important de ne pas oublier que certaines personnes selon leur condition de
santé et leur sensibilité seront affectées à des niveaux différents par une même exposition.
*Références fournies sur demande.